vendredi 21 novembre 2008

Trip freeride aux îles Lofoten (Norvège, mars 2008)

Octobre 2000, nous avons 18 ans tout pile, notre première paire de Teneighty aux pieds et Ski Français publie un article « Lofoten, l’archipel aux trésors ». Octobre 2008, nous voici en possession de deux billets d’avion Genève-Bodø, décollage prévu le 13 mars!

« Ah ouais vous partez en expé aux Lofoten!? Vous allez faire quoi? De la cascade de glace, de la pente raide…? ». Le type me harcèle de questions, me parle d’alpinisme, de couloirs, de dry-tooling... Je m’esquive vite fait, j’avais oublié un peu trop rapidement qu’on était à Grenoble! Les îles Lofoten, cet archipel d’îles norvégien aux montagnes vertigineuses, situé au nord du cercle polaire (entre le 67ème et le 68ème parallèle nord) est effectivement un terrain propice à la pratique du ski ou de l’alpinisme. Et pourtant c’est tout autre chose qui nous attire là-haut : la pêche à la morue. L’hiver est le moment le plus propice à cette pratique ancestrale, la neige les morues de l’arctique remontent par millions de la Mer des Barents pour venir pondre non loin des îles. Les conditions de ski de pêche sont donc optimales et attirent des pêcheurs du monde entier.

Nous débarquons ainsi par une belle fin d’après-midi printanière à Bodo, transpirant à grosses gouttes dans nos doudounes bien trop chaudes. Où sont donc les -20°C qu’on nous avait promis à cette époque de l’année? Y’a plus de saison ma brave dame! Un pêcheur sur le port veut nous vendre des crevettes fraichement péchées. Que nenni, nous sommes là pour pêcher la morue, nous ne voulons pas de ridicules crevettes! Le monsieur au ciré jaune nous rit alors au nez et nous explique que la pêche à la morue est terminée, tout ce que nous pouvons espérer attraper maintenant sont quelques misérables sardines! Quelle déception. Heureusement, dans un éclair de lucidité, nous avons pensé à glissé nos skis dans nos bagages…!

Après un rapide passage à Narvik, où nous réalisons avec horreur que les conditions de neige sont exécrables cette année en Scandinavie, nous filons vers l’objectif principal de notre trip : les îles Lofoten. A 100 km/h sur les routes glacées longeant les fjords, nous nous enfilons les 300 kilomètres qui nous séparent d’Henningsvaer alors que des flocons gros comme des morues blanchissent le paysage petit à petit. On dirait que nous avons de la chance… Une odeur de morue fraîchement pêchée nous indique que nous sommes arrivés à destination. Nous nous dégotons alors une chambre dans les locaux du club d’escalade local : la Nord Norsk Klatre Skole. Le gîte est rempli de jeunes gens, de fats et des peaux de phoque ; ça sent bon la transpiration. Je me demande si je ne préfère pas l’odeur de morue quand même…


Henningsvaer sera notre camp de base pour explorer le nord des îles durant les 5 jours à venir. Le village est un peu excentré, ce qui nous oblige à faire quelques dizaines de kilomètres chaque jour, mais le cadre est vraiment magnifique et le logement très agréable. Nous potassons vite fait le peu de topos que nous avons pu récupérer sur le net avant de partir, et décidons de commencer par un petit sommet classique pour nous mettre en jambe et tester les 50 cm de poudre qui viennent de se déposer en 24h : le Sautinden.


Les 50 cm qui viennent de tomber sont bien légers, nous nous en rendons bien compte lorsque notre fière Yaris à pneus clous se retrouve posée sur le châssis après une tentative de parking un peu osée… 2h30 de pelletage plus tard, nous pouvons entamer notre première rando sous un ciel un peu mitigé, mais sur une neige ultra légère. Une fois au sommet, la vue sur l’Austnesfjorden est magnifique, et la sensation de skier au dessus de l’océan est vraiment nouvelle. Les montagnes semblent sortir directement de l’océan, et avoir pris le dessus sur les eaux, qui se contentent de se faufiler entre les massifs, oppressées par les parois vertigineuses. La lecture des itinéraires en est facilitée, les sommets ne sont pas très élevés et toujours visibles depuis la mer, ce qui nous poussera à sortir un peu des itinéraires classiques.


Après avoir repéré les classiques de l’archipel, sur lesquels nous pourrons nous rabattre plus tard, nous décidons d’aller explorer l’extrême nord des îles, à la frontière avec les îles Vesteralen. Une route, qui assure enfin une liaison directe entre toutes les îles et le continent, a ouvert le 1er décembre, et traverse les Lødingen, un petit groupement d’îles situé entre les Lofoten et les Vesterålen. Les sommets composant ces îles n’étaient auparavant accessibles qu’en bateau, par l’Øksfjorden, et la légende dit que certains sommets n’auraient encore jamais été skiés…

Ce massif s’étend sur une vingtaine de kilomètres de route que nous arpentons au volant de notre fier destrier à la recherche d’un itinéraire alléchant, et surtout d’un endroit où nous garer car les 60cm de neige qui bordent maintenant la route ne nous laissent pas beaucoup de possibilités de parking… Nous tombons enfin sur un parking aménagé, au pied d’un joli sommet où deux randonneurs sont en train de chausser leurs skis. Les locaux nous expliquent que ce sont les premières vraies chutes de neige de la saison, et qu’ils sont donc là pour aller rider ces sommets inaccessibles auparavant. Damned, nous allons nous faire doubler ! Tant pis, la neige n’a pas arrêté de tomber toute la nuit et faire la trace dans tant de poudre n’est pas chose aisée. Laissons-les faire la trace, de toute façon ils sont déjà prêts… Arrivés au premier col, nous retrouvons nos faiseurs de trace, en train de se construire un igloo et de préparer un barbecue ! Ils sont fous ces norvégiens. Il est vrai que le temps n’est pas idéal, les éclaircies sont passagères, mais qu’importe, nous entamons l’ascension du Viktindan dans 70 cm de peuf super légère. Une fois au sommet, une large éclaircie nous permet de distinguer au loin nos compères et leur barbecue, dépités de ne pas être montés. Bien décidés à ne pas laisser passer l’éclaircie, nous nous engageons rapidement dans la descente, pour goûter cette peuf ultra légère que le dieu Wasa nous à envoyé. Arrivés au col, nous nous apercevons que nos compères se sont engagés dans nos traces, bien décidés à profiter eux aussi de cette belle face. Peut-être venons-nous de poser nos traces dans une face jamais ridée auparavant, au nez et à la barbe de nos compagnons norvégiens… Seul Dieu Wasa le sait… Et nos traces ayant été recouvertes par la neige qui continua à tomber toute la nuit, toute preuve a été effacée. La légende restera totale… !

Le lendemain le soleil brille enfin, et nous décidons alors de retourner dans les Lødingen, notre réserve de poudre secrète. Le sommet repéré la veille sur la carte s’avère être finalement un gros tas de cailloux, laissant présager une ascension périlleuse. Nous décidons alors de nous rabattre sur un sommet que nous apercevons derrière un petit dôme enneigé : le Kvasstinden. Le chemin d’accès est un peu déroutant ; après une heure à longer le fjord sans trouver le moyen d’entamer la montée, nous commençons à désespérer quand soudain nous débouchons sur un petit village de pêcheurs accessible uniquement par la mer : Husjorda. Au dessus du village se dresse le sommet tant recherché, et une belle vallée nous emmène visuellement jusqu’au sommet. Après quelques batailles dans les bouleaux, nous nous élevons dans les pentes sommitales dans une cinquantaine de centimètres de poudre et sous un soleil éclatant. La descente s’annonce terrible ! La neige est si légère, et le cadre est tellement magnifique, avec le fjord au bout de nos spatules, que nous nous la refaisons une seconde fois. Nous finissons notre périple sur la plage du village, skis aux pieds, à admirer le soleil couchant. Idyllique. Une fois le soleil couché, la température chute brutalement et nous rappelle que nous avons encore une heure de rando à faire le long du fjord avant de retrouver la voiture… Argh !

Nous rentrons au lodge, vannés mais contents ! Malheureusement, depuis le début du trip nous n’avons pas réussi à boire la moindre bière. Les bars sont tous fermés et la vente d’alcool ne se fait qu’à des horaires bien réglementées, nous rentrons toujours trop tard ! La soif se fait sentir, Flo est au bord de l’évanouissement… Tant pis, allons dormir, demain nous descendons dans le sud des îles.

Les îles sont moins vastes dans le Sud, mais les montagnes toujours aussi élevées. L’impression de pitons rocheux sortis tout droit des tréfonds de l’océan n’en est que plus saisissante. Les sommets semblent toutefois un poil moins enneigés qu’au Nord. Nous dégotons deux sommets assez esthétiques pour les jours suivants : le Bardstrandtinden et sa grande combe ombragée se jetant dans le bras de mer séparant l’île d’Austvågøya et l’île de Vestvågøya et le Ryten, se terminant en une falaise de 543m plongeant directement dans l’océan. La neige est encore au rendez-vous, et le paysage toujours aussi sidérant.


La tempête est annoncée pour le jour suivant, nous en profitons donc pour aller faire un peu de tourisme dans l’extrême sud de l’archipel. Ce sont les régions les plus typiques des Lofoten, les plus escarpées mais les moins adaptées à la pratique du ski malheureusement. Ce jour de tempête a au moins un avantage, il nous permet enfin d’étancher notre soif de bière ! Notre quête de bière a enfin abouti, en ce jour béni du 22 mars 2008 ! Une fois la tempête et le mal de crâne passés, nous nous offrons notre dernier sommet insulaire : le Stornappstinden, situé à la frontière entre les deux îles du Sud : Flakstadøya et Moskenesøya. Le départ se fait au pied d’un unique téléski, envahi par toutes les familles du coin. Ici pas de pistes damées, les bambins apprennent à skier directement dans les 80cm de neige assez compacte qui sont tombés pendant la tempête… !

Une dernière bière, un jacuzzi sur le toit du ferry qui nous ramène à Bodø, et nous voilà repartis pour la France, notre vieux rêve d’adolescents enfin réalisé !













3 commentaires:

Fidel Mendia a dit…

Eup!
ça fait 3 ans que je suis allé a Lyngen, et cet trip de Lofoten donne des idées...
très joli...

Mike Wittorski a dit…

Salut les riders,

On projette un petit trip semblable fin de saison.

2 questions:

a) est-ce que tu pense que ce n'est pas trop tard au mois de mai pour profiter des Lofoten?

b) c'est quoi les meilleurs plan topo? site internet? livres?

Merci d'avavnce

Mike

Anonyme a dit…

Je suis eglament de grenoble , je suis enfin majeur , et j'espere monter un plan pareil avec des amis cet hiver, je voudrais juste savoir si l'enneigement dont vous avez bénéficier et occasionel ou vraiment fréquent dans cette régio la?